Chaque dimanche, découvrez une image de saison et les coulisses originales du terrain. Aujourd’hui, rencontre avec le sonneur à ventre jaune.
Alerte canicule. Je quitte la maison sous un soleil de plombs pour chercher refuge dans les forêts escarpées du mont Pélion. Le parfum des châtaigniers en fleur est enivrant, presque lourd. Au fond du vallon, l’ombre généreuse des platanes et l’eau claire du ruisseau provenant des montagnes s’allient pour procurer une agréable fraîcheur. Comme par crainte de révéler l’existence d’un passage secret, et bien qu’il n’y ait personne, je regarde calmement à droite et à gauche avant de quitter rapidement le chemin. Je descends dans le lit du cours d’eau dans une jungle verdoyante. Des vasques, de petites cascades et des gouilles se succèdent, séparées par de gros blocs tapissés de mousses et de polypodes. Sous le miroir étincelant, des milliers de têtards et plusieurs larves de salamandre tachetée. Lesté par mon sac photo, je grimpe non sans difficulté sur le dernier verrou rocheux qui marque l’entrée dans le royaume des petits princes aux yeux en cœur : les sonneurs à ventre jaune. Passé le gros bloc, je retrouve une centaine de ces petits « crapauds » au museau arrondi qui dérivent dans les flots ou se tiennent sur les rochers lissés par les caresses millénaires du ruisseau. Gris-brun, ternes et couverts de nombreuses verrues sombres sur le dos, les sonneurs affichent un revers surprenant : leur ventre est lisse, jaune éclatant et marbré d’un dessin sombre très graphique. C’est à la fois un avertissement sans équivoque de leur toxicité et une signature personnelle permettant de distinguer chaque individu. Cette carte d’identité a d’ailleurs permis de constater que cet amphibien de 5 cm de long peut atteindre l’âge de 15 ans en liberté !