La gélinotte d’avril

Mois après mois, découvrez les coulisses des images qui composent le Calendrier Indionature 2019. Ce billet de blog raconte l’histoire de la photo du mois d’avril.

Mâle de gélinotte des bois chantant

Certaines forêts du Jura accueillent encore un oiseau discret et farouche qui paraît tout droit sorti d’un conte de fées: la gélinotte des bois, une sorte de « poule » sauvage qui vit dans sous-bois touffus. J’ai longtemps rêvé de l’observer et un jour, peut-être, de la photographier.
Je la cherche depuis l’automne dernier en enchaînant les repérages et les sorties. Rien de rien, pourtant d’après la littérature mes coins paraissent favorables. Je commence presque à douter que cet oiseau forestier existe pour de vrai… Jusqu’au jour où la neige trahit enfin sa présence: une piste d’empreintes ! 🙂 C’est elle! Les traces sont presque parfaitement alignées du fait que ce tétraonidé pose une patte devant l’autre quand il marche. L’empreinte de la patte est de petite taille et ne comporte souvent que trois doigts puisque le postérieur ne marque pas ou peu.

Empreintes de gélinotte dans la neige

A l’affût de la poule fantôme

Les tentatives d’approches à la gélinotte sont souvent inutiles tant elle est farouche et attentive au moindre bruissement. Difficile donc pour ne pas dire impossible de photographier la poule des bois sans se mettre à l’affût. Je passe mes fins d’après-midi enfermé entre les quatre toiles de camouflage de ma tente. Je passe le temps à regarder les crocus fleurir et les grives chanter le printemps. Parfois, l’appel ultra-aigu de la gélinotte résonne ici ou là dans la forêt, toujours trop loin, toujours invisible.

Le 8 avril, en fin d’après-midi, je croque dans une pomme et jette un œil par l’une des petites fenêtres latérales de l’affût. Un mâle de gélinotte surgit entre les sapins et les souches moussues et lance son appel… Je ne crois pas à mes yeux, il est à 2 m de moi. Je salive sans avoir le courage de mâcher le bout de pomme que j’ai dans la bouche, par peur qu’il m’entende.

Un autre individu chante plus loin et mon voisin part en courant dans le sous-bois visiblement remonté. Avant de disparaître comme il est apparu, il m’offre 20 secondes sacrées en chantant d’abord sur une souche à une dizaine de mètre puis au sol près d’un grand sapin.
Pour sûr, plus jamais une pomme n’aura le même goût…